Poser les bases d'une économie post-croissance

→ Remplacer l’objectif politique actuel du « pouvoir d’achat » par l’objectif de « pouvoir de vivre dignement » dans le cadre des limites planétaires. L’enjeu, dans un pays riche comme la Belgique, n’est plus de stimuler toujours plus de consommation, mais de répondre aux besoins essentiels de toutes et tous dans le cadre des limites environnementales.

→ Ancrer les indicateurs de prospérité alternatifs au PIB dans la décision politique et viser d’autres objectifs sociétaux que la croissance1. Le PIB devient progressivement un indicateur insuffisant, incapable d’évaluer correctement le bien-être, la qualité de l’environnement (climat, biodiversité, etc.), les inégalités ou encore la qualité de nos services publics. Les nouveaux indicateurs doivent refléter le respect des normes sociales et des limites écologiques, par exemple via l’implémentation de budgets carbone. Intégrer ces indicateurs dans la présentation du budget.

→ S’assurer que la répartition des ressources dans la société permette, d’une part, à chacun·e de vivre dignement, et limite, d’autre part, les empreintes environnementales les plus excessives (modes de vie nécessitant plusieurs planètes s’ils étaient généralisés). En particulier, adapter la progressivité de l’impôt au profit des bas revenus et augmenter la progressivité sur les hauts revenus, en intégrant les revenus du patrimoine et en limitant l’accumulation2. Etant donné l’impact environnemental plus important des déciles les plus élevés, la réduction des inégalités et la limitation de la richesse extrême sont ainsi de plus en plus mises en avant comme des mesures environnementales importantes, en plus d’être des mesures démocratiques et sociales3,4.

→ Empreinte carbone moyenne par individu, pour chaque décile de la population européenne. Avec une empreinte carbone individuelle moyenne de 17 tonnes de CO2/an, les 10 % de la population avec le plus gros pouvoir d’achat sont responsables de 30 % des émissions en Europe. Pour la moitié de la population européenne qui a le pouvoir d’achat le plus faible, l’empreinte carbone individuelle moyenne est de 2,5 tonnes de CO2/an.

Source : Impacts of poverty alleviation on national and global carbon emissions

→ Œuvrer à un taux effectif d’imposition des sociétés transnationales qui soit suffisant et cohérent avec celui des PME, en limitant l’évasion fiscale et en réduisant les niches fiscales qui permettent d’éviter une contribution juste.

  1. Voir la carte blanche de Canopea avec partenaires : « Après la croissance, besoin de nouvelles priorités communes »
    https://www.lalibre.be/economie/decideurs-chroniqueurs/2021/05/06/apres-la-croissance-besoin-de-nouvelles-priorites-communes-MX5LUIM7LBG5VHO5QNC2LCKDSU/
  2. Voir la carte blanche sur une fiscalité juste et environnementale https://www.lecho.be/opinions/carte-blanche/pour-une-reforme-de-l-impot-fondee-sur-la-justice-fiscale/10467346.html
  3. Bureau Européen de l’Environnement (2019) : Beyond Sustainable Growth: A policy blueprint for Europe
     https://eeb.org/library/beyond-sustainable-growth/
  4. François, M., Mertens de Wilmars, S., & Maréchal, K. (2023). Unlocking the potential of income and wealth caps in post-growth transformation: A framework for improving policy design, Ecological Economics, 208, 107788. https://doi.org/10.1016/j.ecolecon.2023.107788