L’urgence climatique, mais aussi l’évolution de la demande résidentielle due à la rénovation et à l’électrification, implique que l’essentiel du réseau de distribution de gaz fossile risque de devenir un actif irrécupérable (stranded asset).
Le biogaz représente un élément utile de la transformation énergétique et offre de potentielles synergies avec le développement d’une agroécologie. Les volumes de biogaz disponibles dans un modèle durable seront néanmoins nettement inférieurs aux volumes de gaz fossiles utilisés aujourd’hui. La Région doit soutenir un développement de biogaz cohérent avec les volumes de biomasse méthanisables dans un modèle durable.
Concernant les biocarburants, la Wallonie doit viser un usage modéré, et réduire fortement l’utilisation des biocarburants issus de matières premières alimentaires ou agricoles.
A plus long terme, au fur et à mesure du développement du renouvelable, l’hydrogène vert (sous différentes formes : H2 gaz, ammoniac, e-gaz, etc.) représentera une autre source d’approvisionnement en molécule. Mais les pertes de transformation importantes limitent le rendement et en font une solution coûteuse, limitée en volume.
En conséquence, les molécules de la transition devront être utilisées dans les secteurs ou les alternatives (notamment l’électrification) n’existent pas.
Etablir une vision molécule
a) En concertation avec les autres entités, définir plus précisément une vision en matière de molécule, qui définit d’abord des scénarios de disponibilité de gaz non fossile en Belgique (power to X, hydrogène, biogaz, etc.) dans différents horizons de temps et fixe les usages prioritaires énergétiques et non-énergétiques des gaz non fossiles.
Soutenir le développement du biogaz durable
La production de biogaz durable requiert un mécanisme de soutien financier clair et des enveloppes suffisantes. Ce soutien doit être strictement limité aux biogaz durables c’est-à dire :
a) qui ne reposent pas sur des production agricoles primaire (agri gaz) ;
b) qui s’intègrent dans la structure agricole locale, notamment en termes d’intrant mais aussi d’utilisation du digestat.
EN SAVOIR PLUS
Préparer la sortie du gaz fossile
a) Intégrer les conclusions de la « vision molécule » dans les plans de développement du réseau de gaz établis par les GRD. Cette estimation doit notamment permettre :
- d’évaluer les besoins financier liés au phase out,
- de modifier les durées d’amortissement prévu dans la méthodologie tarifaire.
b) La perte d’utilité du réseau de distribution de gaz impacte doublement les gestionnaires de distribution et doit progressivement être intégrée dans leur plan de développement.
c) En tout état de cause, instaurer dès aujourd’hui un moratoire sur le développement du réseau de distribution de gaz est fondamental.
Préparer et soutenir l’émergence de l’hydrogène vert
a) Ne soutenir en aucun cas les hydrogènes issus des énergies non renouvelables.
b) A l’intérieur de la vision molécule et en concertation avec les autres régions, développer une « vision hydrogène » régionale qui établit les potentiels en H2 vert et définit les usages prioritaires. Etant donné les pertes de rendement, l’objectif est d’assurer une production de l’hydrogène vert à base des surplus d’électricité verte.
c) Étudier, avec une approche coût efficacité et en tenant compte de la vision H2, le développement d’infrastructure Hydrogène potentiellement nécessaire. A ce stade, le soutien public au développement d’un réseau hydrogène supplémentaire doit être
envisagé avec prudence et en relation avec les autres besoins de financement publics (aide CAPEX aux industries pour améliorer l’efficacité énergétique).
d) Etablir un cadre réglementaire propice au développement de la filière d’hydrogène vert.
e) Soutenir des projets pilote et la recherche et développement dans le domaine de l’hydrogène vert.
f) Plus de clarté est nécessaire sur les possibilités techniques d’adaptation des infrastructures de gaz fossile au transport et à la distribution de molécules décarbonées.