Plus de 50 % de la superficie de la Wallonie est utilisée pour l’agriculture. Les agriculteur·rice·s ont donc un rôle majeur à jouer dans la protection de la biodiversité typique des milieux agricoles. C’est d’autant plus crucial que c’est principalement la biodiversité des milieux agricoles qui est la plus menacée mais aussi la plus difficilement protégeable, tant les intérêts économiques en jeu sont importants, en particulier dans les milieux de grandes cultures.
Le suivi des populations d’oiseaux communs en milieux agricoles atteste de ce déclin alarmant, avec une tendance négative sur le long-terme de -55 % en abondance depuis 1990. Au niveau des plantes, et en particulier les espèces messicoles1, plus de 60 % d’entre elles, alors qu’elles comptent pour 15 % de la flore wallonne.
Quant aux milieux prairiaux, près d’un tiers de la superficie des habitats d’intérêt communautaire, soit 29000 Ha sur les 46000 Ha identifiés, est en dehors du réseau Natura 2000 et ne bénéficie d’aucun statut de protection d’habitats.
Cette érosion de la biodiversité tant extraordinaire, qu’ordinaire, résulte de l’intensification des pratiques agricoles sur notre territoire. Les outils de la PAC doivent être renforcés, tels que les écorégimes et les MAEC, mais des actions spécifiques et efficaces doivent aussi pouvoir être menées. A cet égard, la Loi de la Restauration de la Nature prévoit notamment l’inversion de l’indicateur des oiseaux des milieux agricoles (FBI).
ACTIONS
A.Restaurer la biodiversité et le maillage écologique (à hauteur de minimum 10 % de la superficie) en milieu agricole, en ciblant particulièrement les espèces associées aux zones de grandes cultures (identification de zones d’actions prioritaires notamment sur base d’indicateurs multi-spécifiques), 10 % de maillage écologique dans les milieux agricoles (en accord avec un des objectifs phares des Stratégies « Farm to Fork » et « Biodiversité » de l’Union Européenne.
B. Donner un statut de protection à toutes les prairies d’habitat et d’habitat d’espèces (les inclure dans l’objectif des 30 % d’habitats
d’intérêt communautaire à restaurer), y compris celles qui sont en dehors des sites Natura 2000 (c’est-à-dire plus de la moitié).
C. Une révision des soutiens à l’élevage pour encourager l’élevage herbager à moins de 2 UGB/ha tel que décrit au point Soutenir une production agricole qui collabore avec la nature ici et ailleurs.
D. Une reconnaissance et une promotion de la vente d’aliments produits dans le respect de la nature, c’est-à-dire issus de fermes qui ont au moins 10 % de maillage agroécologique dans les fermes. Par exemple en intégrant ce paramètre de durabilité clé dans les certifications environnementales existantes (ex. : C’Durable), les marchés publics, Manger Demain, le CWAD et au niveau des filières.