La forêt doit faire face à des pressions de plus en plus importantes. D’une part, le dérèglement climatique crée des événements de plus en plus extrêmes de sécheresses et d’inondations qui affaiblissent les arbres. D’autre part, la perte de biodiversité met à mal les capacités de nos forêts à répondre à ces événements extrêmes. Les forêts subissent ces événements alors qu’elles sont plus importantes que jamais pour nous fournir un ensemble de services écosystémiques. La biodiversité, c’est le système immunitaire de nos forêts : si nous voulons conserver des forêts saines et diminuer les impacts
climatiques sur nos paysages, nous devons avoir l’ambition de la préserver et de la restaurer.
Nous souhaitons des forêts diversifiées en âges et en essences, une gestion forestière plus respectueuse des sols, des arbres et des paysages, des chasseurs qui respectent la biodiversité et l’évolution des mentalités. Que chacun puisse profiter des forêts pour ce qui lui semble important sans compromettre les besoins des autres utilisateurs.
ACTIONS
A. Adopter un plan stratégique forestier wallon ambitieux dans lequel se retrouve les différentes propositions ci-dessous
B. Maintenir les peuplements feuillus actuels, diversifier en âges et en essences les peuplements monospécifiques résineux et feuillus et interdire toute plantation monospécifique partout et quel que soit le sol.
C. Créer un statut de protection spécifique pour les forêts anciennes qui assurera le maintien de leur qualité biologique à très long terme.
D. Augmenter significativement le nombre d’arbres d’intérêt biologique jusqu’à 5 AIB/Ha et la quantité et la diversité des arbres et bois morts (objectif minimum de 30 m3 partout, et jusqu’à 50-100 m3 dans les réserves intégrales), les décrire et les géoréférencer pour assurer leur pérennité.
E. Favoriser les techniques d’exploitation respectueuses des sols et de la biodiversité, généraliser les cloisonnements d’exploitation, interdire le gyrobroyage, revaloriser les techniques de bûcheronnage traditionnel, de treuillage et de débardage par cheval de trait
F. Conditionner les aides publiques – telles que, par exemple, les aides à la replantation ou l’exonération des droits de succession – au respect d’objectif de valorisation de la biodiversité.
G. Augmenter significativement les aires protégées en vue de respecter la stratégie forestière européenne.
H. Imposer une gestion à couvert continu en interdisant les mises à blanc sauf en cas de problème sanitaire. En fonction des enjeux de biodiversité locaux, veiller aussi à maintenir des milieux ouverts intra-forestiers et à atteindre les objectifs en matière de lisière forestière étagée interne et externe.
I. Interdire totalement le drainage et boucher les drains toujours fonctionnels.
J. Privilégier les essences indigènes, avec un génotype plus méridional si nécessaire. Interdire l’introduction de toutes nouvelles essences sans une évaluation scientifique préalable sérieuse du risque de leur introduction ou de leur extension, afin de favoriser les essences qui optimisent les interactions avec la biodiversité y compris celle du sol.
K. Valoriser tous les acteur·rice·s de la filière forestière pour adapter leurs pratiques aux paradigmes du dérèglement climatique et de la perte de biodiversité nécessitant compétences techniques, sens de l’observation et finesse dans les travaux et favoriser leurs conditions salariales dans le qualitatif.
L. Améliorer la participation et le débat citoyens ainsi qu’avec les associations environnementales lors des processus de rédaction des plans d’aménagement forestiers (en amont de la consultation publique déjà prévue).
M. Mettre à jour et généraliser l’application à toutes les forêts soumises de la circulaire biodiversité.
N. Compléter les indicateurs de biodiversité en forêt (coléoptères et syrphes saproxyliques, polypores) et mettre en place un monitoring régulier de la biodiversité pour un suivi plus précis