Développer une vision industrielle wallonne
La Wallonie a besoin d’une vision juste et durable de son développement industriel futur. Si certaines activités industrielles n’existent pas encore aujourd’hui et vont se développer dans le futur, d’autres vont disparaître (raffinage de pétrole, infrastructure de gaz naturel, de pétrole ou de charbon, etc.) ou vont devoir s’adapter à leur nouvel environnement. Certaines productions industrielles particulièrement intensives en énergie et en carbone (ciment, acier, chaux, automobile ou encore aviation) devront, par exemple, revoir leur processus et challenger les volumes consommés/produits.
Il est crucial de nous préparer à ces modifications, notamment en prévoyant la formation des travailleurs de ces secteurs et en accompagnant leur éventuelle réorientation professionnelle.
a) Le Gouvernement doit définir plus précisément sa vision industrielle 2050 qui doit servir de cadre aux politiques de soutien à l’industrie régionales (y compris politique d’investissement de Wallonie entreprendre) notamment :
- dégager les secteurs à soutenir de manière prioritaire ;
- mais aussi lister les secteurs qui vont devoir réduire la voilure (industries actives dans les énergies fossiles par exemple) ;
- sur cette base, les défis notamment de transition juste et de formation des travailleurs doivent être identifiés.
B) Développer avec les acteur·rice·s industriel·le·s et les travailleur·euses des roadmaps sectorielles 2050 notamment :
- qui évaluent l’évolution de la demande de matériaux notamment en lien avec les politiques de décarbonation (par exemple : évolution des besoins en matériaux de construction en lien avec la circularité, la rénovation et l’arrêt de l’étalement urbain ; évolution de besoin en intrant chimique en lien avec la promotion d’une agro écologie…) ;
- qui envisagent les différents leviers de décarbonation et de réduction des consommations d’énergie et identifient les besoins prioritaires pour y arriver notamment en matière d’infrastructure
- Qui envisagent les synergies nécessaires avec d’autres secteurs industriels en vue d’améliorer la circularité ou l’utilisation rationnelle des ressources et de l’énergie (utilisation des chaleurs fatales …)
- Qui intègrent des problématiques globales liées à leurs chaînes d’approvisionnement au niveau international afin de diminuer leur impact environnemental (en termes de décarbonation ou de respect de la biodiversité, par exemple en interdisant toute produit issu de la déforestation) et sociétal, en prenant en compte le respect des droits humains à tous les niveaux.
Soutenir la transformation des procédés industriels et l’efficacité énergétique
Canopea soutient la mise en place d’un système de soutien à l’investissement du tissu industriel de type communauté carbone qui vise à mutualiser les engagements des acteur·rice·s au sein d’une chaîne de production ou d’un territoire spécifique en vue d’opérer des réductions d’émissions et des gains d’efficacité énergétique.
a) Accompagner en priorité les industries dans des aides d’investissement en capital visant à l’amélioration de leur processus industriel plutôt que dans des réductions de factures énergétiques.
b) Cibler les investissements dans le processus industriel proprement dit, afin de viser principalement l’amélioration de l’outil de production.
c) Pousser les entreprises à aller au plus loin dans la transformation de leur processus productif, en s’attaquant davantage aux investissements avec des retours sur investissement conséquents à plus long terme.
d) Eviter au maximum les doubles subventionnements, notamment dans les aides à la production d’énergie renouvelable.
e) Pousser à davantage de transparence autour des accords de branche, notamment en intégrant certains acteurs (partenaires sociaux et environnementaux) dans les discussions.
CCS, CCU, ne pas mettre la charrue avant les bœufs
On le sait, certaines émissions de CO2 dont celles liées aux procédés ne sont compressibles que moyennant une baisse de la production des matériaux carbo intensifs (clinker, chaux)
a) Mettre en place un cadre réglementaire propice aux initiatives industrielles sur la capture, le transport mais aussi la séquestration éventuelle.
b) La vision industrielle doit évaluer la technologie la plus efficace en termes de coût sur l’ensemble de la chaîne CO2 (du captage à la séquestration) dans le cadre d’une vision industrielle bas carbone qui challenge les demandes
c) A ce stade, la Région ne doit pas mettre en place de soutien financier mais bien accompagner les entreprises dans leur recherche de soutien EU (innovation fund et Just transition fund). En cas de développement d’un mécanisme de soutien, le montant total de l’enveloppe attribué au CCS doit être capé pour assurer que l’essentiel des aides publiques aillent vers les autres leviers de la décarbonation.
EN SAVOIR PLUS
- Briefing Accord de branche janvier 2023
Des aides à la compétitivité ciblées, proportionnées et conditionnées
Le maintien d’un outil industriel compétitif est vital pour la Région. Mais dans un contexte budgétaire tendu pour les finances régionales, les autorités doivent concentrer au maximum leur soutien sur les acteur·rice·s industriel·le·s qui eux·elles-mêmes démontrent leur volonté de développer une activité industrielle sur le long terme dans notre région dans une logique de partenariat. En pratique, une activité industrielle qui n’investit pas dans l’excellence énergétique ou, a minima, ne développe pas un plan d’action pour y arriver ne répond clairement pas à ce critère.
Dans cette logique, les aides à la compétitivité, quelle que
soit leur forme (une norme énergétique, des réductions de surcharge, etc.), doivent :
a) être ciblées et objectivées à la perte réelle de compétitivité. En pratique, selon les évaluations des régulateurs, ces aides devraient concerner principalement les acteur·rice·s industriel·le·s électro-intensif·ve·s ;
b) être conditionnées aux entreprises (ou communautés d’entreprises) qui ont réalisé des investissements d’amélioration énergétique de leur outil industriel, ou disposent a minima d’un plan de réduction de leurs émissions de GES ainsi que de leur consommation de ressources et d’énergie.